La financiarisation de l’offre de soins est définie par l’Assurance Maladie comme un processus par lequel des acteurs privés, non directement professionnels de santé, capables d’investir de façon significative, entrent dans le secteur des soins avec comme finalité première de rémunérer le capital investi.

Retrouvez ici le Rapport de l’Assurance Maladie – Propositions pour 2024 duquel sont tirés les éléments de cette page (cf p.196 à 206 du rapport)

 

Quelques avantages mais beaucoup de risques

Cette financiarisation peut présenter certains avantages, comme accélérer l’atteinte d’objectifs des politiques publiques lorsque celles-ci nécessitent des investissements ou restructurations importantes, ou encore représenter une manne financière intéressante pour les professionnels de santé.

Mais elle présente aussi de nombreux risques à la fois pour les patients, pour les professionnels de santé et pour le régulateur et payeur. Parmi les risques les plus identifiés, on retrouve :

  • la réduction de l’accès aux soins pour les patients (soit par une augmentation des coûts et du reste à charge, soit par les conséquences d’une restructuration qui amènerait à réduire le nombre de sites ou à fermer certaines activités pour accroître leur rentabilité)
  • la dégradation de la qualité des soins liée à la prise de pas des logiques de rentabilité
  • une sélection des patients au détriment des cas les plus « lourds » et/ou les moins solvables
  • le risque de perte d’autonomie professionnelle pour les médecins
  • le conflit potentiel de valeurs entre des logiques financières et des logiques professionnelles
  • une modification importante de la structure de l’offre de soins et de sa représentation
  • une augmentation des dépenses publiques liée aux logiques des acteurs financiers
  • etc.

 

Une tendance de fond qu’il faut comprendre et réguler

Difficile à mesurer de manière fine, complexe à réguler, aux conséquences incertaines, la financiarisation est un enjeu que notre système de santé est en définitive assez peu préparé à relever, en dépit d’efforts certains et d’une prise de conscience récente.
D’autres professions, soumises elles aussi à une montée en puissance de la financiarisation, ont fait face à de lourdes conséquences : le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires a ainsi radié plusieurs structures considérant que leur indépendance n’était pas assurée, une décision confirmée ensuite par le Conseil d’Etat.

Le Conseil d’Etat a par ailleurs précisé certaines règles relatives à l’indépendance des professionnels en exercice et dresse une liste de situations problématiques, qui pourraient être transposables aux médecins.

L’Ordre des Médecins, ayant connaissance de dispositions similaires, a indiqué en septembre 2023 qu’il allait suivre la voie ouverte par l’Ordre des vétérinaires. En novembre 2023, le Conseil départemental du Rhône de l’ordre des médecins a procédé à la radiation de la SELAS IMAPOLE.

 

En savoir plus

Nov 223 : Dossier « Financiarisation » du journal de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR)

Mars 2024 : Article « Financiarisation des cabinets médicaux : clap de fin ? » par Me Laurent Houdart, avocat au barreau de Paris

Avril 2024 : Article « Financiarisation de la médecine : exemple de la radiologie » par le Dr Philippe Coquel, radiologue et secrétaire général adjoint de la FNMR

 

 

Face à cet enjeu qui touche de près une frange de médecins libéraux (biologistes, radiologues, etc.) l’URPS Médecins Libéraux AuRA travaille à des actions d’accompagnement, d’information et de formation. Plus d’informations seront communiquées bientôt.