Sa vision de l’URPS Médecins Libéraux Auvergne Rhône-Alpes, le bilan de ses deux premières années de mandat, les priorités d’action à venir pour l’URPS, l’actualité nationale… : Sylvie-Filley Bernard, Présidente de l’URPS Médecins Libéraux AuRA, partage sa vision et revient sur l’importance de porter la voix des médecins libéraux.
Vous êtes, depuis 2021, présidente de l’URPS Médecins Libéraux Auvergne-Rhône-Alpes, au sein de laquelle vous étiez élue depuis 2010. Quelle est votre vision de l’URPS ?
L’URPS est, à mon sens, le maillon essentiel entre les institutions et les médecins libéraux de terrain. Je tiens à ce qu’elle soit reconnue comme telle, c’est là pour moi tout notre intérêt : être témoin de la photographie de la médecine libérale à l’instant-T, faire remonter les paroles des médecins libéraux auprès des institutions, et en parallèle leur faire redescendre les messages importants. Nous sommes le lien entre le terrain et l’institutionnel.
Quel bilan tirez-vous de vos deux premières années de mandature ?
Nous avons débuté notre mandature dans un contexte mouvementé, celui de la fin de la crise du COVID-19, avec une activité forcément ralentie et des bouleversements dans l’organisation. Il a fallu remettre la machine en marche. La première année a été celle de la prise de marques, à apprendre à maitriser cet outil qu’est l’URPS, à reconstituer une équipe solide.
En tant que présidente de l’URPS, on me demandait de réagir sur des sujets d’actualité comme le défaut d’accès aux soins, les déserts médicaux. Mais je sentais que je n’avais pas assez d’informations pour donner un avis éclairé. Rapidement, j’ai identifié le besoin de disposer de données fiables et de qualité sur la réalité des conditions d’exercice des médecins libéraux. L’URPS s’est donc rapprochée de l’Observatoire Régional de la Santé (ORS) pour initier une grande étude exploratoire sur les enjeux d’attractivité de la médecine libérale.
L’étude exploratoire sur les enjeux d’attractivité de la médecine libérale touche à sa fin, la restitution est prévue pour le 29 juin. Que va-t-il découler de ce travail ?
Cette démarche mise sur le qualitatif : l’ORS et les élus URPS sont partis à la rencontre des médecins libéraux dans les 12 départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes et dans la Métropole de Lyon. Nous avons échangé sur leurs conditions d’exercice, sur les atouts et freins de leur profession, sur les spécificités de leurs pratiques. Humainement comme professionnellement, c’était une formidable expérience, riche en rencontres et en émotions.
Les rendus de l’étude seront présentés aux participants et aux institutions le 29 juin. C’est le cœur de notre travail en tant qu’URPS : faire remonter la parole des médecins que l’on représente. J’espère que cette parole sera entendue ; en tout cas, on ne pourra plus faire comme si elle n’existait pas. Suite à cette restitution, l’URPS établira des propositions et un plan d’actions visant à améliorer l’attractivité de la médecine libérale, que nous déroulerons dans la suite de notre mandat.
L’attractivité de la médecine libérale sera donc un sujet majeur de l’URPS pour les mois à venir. Quelles sont les autres priorités sur lesquelles l’URPS va se concentrer ?
Les missions régaliennes de l’URPS sont diverses et nombreuses. Nous avons un rôle dans l’organisation des soins, en lien avec les partenaires que sont l’ARS, la DCGDR-CPAM. Un dossier actuellement prioritaire à ce sujet est la généralisation du Service d’Accès aux Soins (SAS), sur lequel nous travaillons activement. J’ai d’ailleurs rencontré la Mission nationale d’appui à la généralisation du SAS fin mai afin de leur faire part de notre engagement et des moyens mis en œuvre. Autre mission de l’URPS, informer et sensibiliser les médecins libéraux, notamment sur des sujets de santé publique. En la matière, ce sont les thématiques de la santé environnementale, de la prévention du cancer et de l’obésité qui me tiennent particulièrement à cœur et pour lesquels nous agissons. Mais nous travaillons sur nombre d’autres sujets grâce à l’investissement de nombreux élus qui m’accompagnent.
L’actualité nationale en matière de santé est marquée par la proposition de loi Valletoux autour de « l’amélioration de l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels ». En tant que présidente de l’URPS et médecin libérale, quelle lecture faites-vous de ce texte ?
C’est une proposition de loi contre-productive qui vient aggraver une situation déjà compliquée. Les médecins libéraux sont d’ores et déjà mobilisés pour la mise en œuvre des dispositifs d’organisation des soins promus par les pouvoirs publics (SAS, CPTS, ESS). Pourquoi créer un nouvel échelon de référence ? Le monde libéral joue pleinement son rôle en matière de permanence des soins, pourquoi le contraindre ? De la même manière, les CPTS se construisent sur la base du volontariat ; toute mesure visant à imposer l’appartenance à une CPTS est contreproductive et renforcera la défiance des professionnels.
Je souhaite que l’URPS soit porteuse de solutions ; la Conférence nationale des URPS Médecins Libéraux se fait force de rédiger des amendements à cette proposition de loi Valletoux. Mais de manière plus générale, au-delà de cette actualité, je dénonce et regrette cette frénésie législative et règlementaire en matière de santé qui infantilise les médecins. Les médecins sont au cœur du système, ce sont eux les experts, il faut les écouter. Notre rôle en tant qu’URPS est plus que jamais de porter leur parole.